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Ty Segall, manipulateur bien intentionné

Six ans de carrière et pas moins d’une dizaine d’albums à son actif (solo et collaborations), l’homme-usine de la confiture garage rock est de retour avec un double-album. Avec « Manipulator », Ty Segall semble avoir exploré tous les recoins de son catalogue musical. Déchaînement électrique et voix fluettes, extase et désordre neurologique. Chronique d’un bordel savamment organisé, deux mois après sa sortie – c’est à dire dix ans, à l’ère d’internet.

Il lui aura fallu 14 mois pour l’écrire, un mois pour l’enregistrer. Ty Segall est prolifique en plus d’être perfectionniste. En témoigne le nombre impressionnant d’albums signés de son nom. Cette caractéristique notable n’est pas sans rappeler John Dwyer (Thee Oh Sees, Coachwhips, entre autres), l’un de ses mentors et compagnon de San Francisco. Comme lui, Segall semble chercher à s’échapper de la règle des deux accords pour pousser sa musique vers des rêveries musicales. A l’aise avec une multitude d’instruments, Segall a joué seul sans ses compagnons de scène dans cet album. Ses acolytes de toujours, Mikal Cronin et Chris Woodhouse, l’accompagnent par ailleurs sur quelques titres.

Si chaque disque offre son point de vue, « Manipulator » semble assez bien refléter l’ensemble des visages de Ty Segall. Regroupant à la fois ses fondements garage rock, sa musique s’en trouve renforcée par des arrangements davantage considérés. Le fond étant alors plus travaillé, les guitares restent tranchantes sans que les morceaux ne paraissent être expédiés. Le disque en ressort sincère, sans détour ni exagération. Le blondinet déroule un album de 56 minutes où les morceaux suivent une même construction à la simplicité insolente : intro guitare, chant de Segall, arrivée des autres instruments, puis parfois, beau foutoir général.

En tout et pour tout, ce sont 17 titres qui s’enchaînent. A peine le temps de se remettre d’un morceau, que le suivant débute. Une heure qui passe vite. Autant inspiré par le garage des 60s, le surf des 70s, le grunge des 90s, ou encore le glam’rock, le songwriter digère ses influences avec habileté dans ce tableau sonore électrique. Si quelques titres plus faibles comme The Singer ou Green Belly semblent plutôt trouver leur place en tant qu’éléments de transition, d’autres sortent du lot. On retient ainsi le pop et nerveux Manipulator, le dévastateur fuzz de Feel et de It’s Over, la ballade acoustique sur fond de violons de Stick Around ou encore le tube folk The Hand. Un équilibre se crée grâce à une tracklist bien ficelée.

« Manipulator » est sans conteste l’album le plus ambitieux du bonhomme. A la fois novateur et puissante vitrine de l’œuvre musicale de Ty Segall, cet opus a la qualité de ceux qui peuvent s’écouter à tout moment de la journée. Pour la première fois, on peut dire que l’américain part à la conquête d’un public plus large, armé de chansons aux ambitions universelles. « Manipulator » marque un tournant dans la carrière du généreux manipulateur. Abandonnez-vous dans l’histoire psychédélique que veut vous compter ce grand gaillard pailleté, vous n’en sortirez pas indemne.

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