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Tomorrow’s World, l’air de demain

Quand la moitié de Air (Jean-Benoît Dunckel) rencontre la voix de New Young Pony Club (Lou Hayter), c’est la révélation : Drive est enregistrée dès le premier jour de studio, et les autres morceaux suivent sans effort. Curieux d’en savoir plus sur le projet, on est allés à leur rencontre, et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’on a été surpris : détendus et souriants, ils sont en parfait contraste avec leur album, sombre, mélancolique et un poil complexe au premier abord.

Si la musique de Blue Hawaii ressemblait à un paysage post-apocalypse, avec des ruines à reconstruire, celle de Tomorrow’s World, elle, se situe juste avant : « On est entre les rêves et la réalité » explique Jean-Benoît. « C’est un peu le plaisir d’être triste avant l’apocalypse… Même si j’espère que ça n’arrivera pas ! » Repartir à zéro ne leur paraît pas la meilleure solution, que ce soit en musique ou plus globalement pour notre avenir. Pour Lou, même si « c’était vraiment agréable d’oublier ce qu’on avait fait avec nos précédents groupes et d’avoir notre son à nous, tout ce qu’on a fait avant nous a forcément aidé. Il faut garder les fondations.« Jean-Benoît renchérit avec un dicton : « Quand on est sur un bateau et qu’il y a une tempête, on ne saute pas par-dessus bord, car on peut mourir dix fois avant d’arriver à atteindre l’île la plus proche. C’est pareil pour la Terre ! On doit garder les choses et les changer, à commencer par les gens qui nous gouvernent, qui ne sont ni des philosophes, ni des poètes, ni des artistes et ne pensent qu’à leur carrières. On doit inventer un nouveau système. »

Alors bien sûr, la musique n’a pas pour vocation de faire changer les choses à l’échelle mondiale. Mais elle permet parfois de prendre du recul, parce qu’on est « plongé dans un monde d’émotions, sans avoir aucun effort à faire » nous dit Jean-Benoît. Pourtant, leur album n’est pas immédiat : c’est à la seconde écoute que l’on commence à s’approprier l’univers étrange et complexe qu’ils ont créé, et à la troisième qu’on y plonge véritablement avec plaisir. Un peu comme on s’habitue à se laisser mouiller par la pluie. Lou en est consciente, et c’est d’ailleurs ce qui lui plaît. Nombre de ses albums favoris d’aujourd’hui faisaient partie de ceux qu’elle n’aimait pas du tout au départ. Il en va de même pour Jean-Benoît, qui a appris à aimer progressivement les albums des Rita Mitsouko. Il précise : « Je crois que quand on déteste une musique, c’est qu’on l’aime par anticipation. Le pire, c’est l’indifférence. »

Cette richesse sonore, qui surprend d’abord et séduit ensuite, est le fruit d’une multitude de sons différents présents sur l’album, parfois volontairement dissonants, combinée à un enregistrement lo-fi. Un choix qu’ils ne regrettent pas : « Il y a quelques années, je pensais que les ordinateurs ne prendraient pas le dessus, car je trouvais que les vrais instruments avaient un son plus « profond ». Aujourd’hui la technologie est tellement précise que ce n’est plus le cas ! Mais le mieux reste de mélanger les deux, acoustique et électronique. C’est ce qu’on a fait sur l’album. On a essayé tout ce qui était possible ! Au final, c’est un album qui a été enregistré avec les mains. Et la voix de Lou n’a pas été retravaillée, peut-être que certaines personnes ne sont plus vraiment habituées à entre un son aussi naturel ». C’est aussi ce mot, « naturel », qui revient lorsqu’il s’agit de qualifier leur collaboration. « On n’écrit pas vraiment, en fait, on ne fait qu’enregistrer ! » avoue Jean-Benoit avec un sourire. Un contraste de plus avec l’image très travaillée du groupe, en photo ou en clip (voir celui de So Long My Love ci-dessous, où ils font penser à des statues de cire).

Parmi les morceaux les plus réussis de l’album, on trouve Pleurer et Chanter : quatre minutes de pop classieuse en français avec leurs deux voix superposées. Ce titre a d’ailleurs été un défi pour Lou, qui ne parle pas français : « JB a dû m’écrire les paroles, pour que je puisse enregistrer ligne par ligne !‘ Il y a aussi Metropolis, qu’on verrait bien sur une BO de film. Ou So Long My love, qui pour Jean-Benoît est « un bon morceau à écouter pour prendre une décision, car il y a cette explosion d’émotions : haine, amour, tristesse… »

On ne le dira jamais assez : la curiosité est un bien joli défaut.

Crédit photo : James Kelly

 

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