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Smashing Pumpkins, réédition du grand disque « Adore » (1998)

Les Smashing Pumpkins – en tout cas ce qu’il en reste – ont une double actualité musicale : la réédition dans une version très élargie de leur album de grande qualité et assez sous-estimé « Adore » (1998), sur laquelle on se penche juste en-dessous et la sortie d’un nouvel album prévu pour la fin de l’année. Ah, les Smash’, ce meilleur pote de collège qui n’a plus rien à voir avec nous désormais.

Niveau qualité et succès, les disques « Siamese Dream » (1993) et « Mellon Collie and The Infinite Sadness » (1995), c’est (source) plus d’un million de ventes pour le premier en 1993, mais plus de 4 millions en tout (certifié 4 x disque de platine aux Etats-Unis en 1996)  et le second plus d’une dizaine de millions depuis sa sortie (certifié 10 x disque de platine aux Etats-Unis). Et des tonnes des kids braillant « Despite all my rage I am still just a rat in a cage » (dans Bullet With Butterfly Wings). Sauf qu’en 1996, la bande de Chicago vole en éclat. Durant la tournée, dans une chambre d’hôtel, Jimmy Chamberlain, le batteur, fait une overdose d’héroïne en compagnie de Jonathan Melvoin, le claviériste. Ce dernier ne survit pas et le leader Billy Corgan, tenant Chamberlain pour responsable, lui désigne la porte.

A cause de cet événement, au moment de se retrouver en studio, le groupe n’a alors plus de batteur attitré. Que ce soit par la volonté express de Billy Corgan ou à cause de la difficulté à trouver un remplaçant de qualité, cet événement a une conséquence majeure sur le son du groupe. La rythmique est alors assurée par une boîte à rythmes, le groupe cherche néanmoins à se réinventer et gagner en souplesse.

Avec « Adore », c’est donc un virage à 180 degrés que prend le son des Smashing Pumpkins. Alors que dans « Mellon Collie and The Infinite Sadness », la formation oscille entre un son alternatif agressif et des morceaux doux, remplis d’arrangements et de nuances, « Adore » se concentre sur des structures plus épurées, quasiment minimalistes (dans Annie Dog, Shame ou For Martha), ou louchant sur la musique électronique (à l’image d’Apples + Oranjes ou Pug). L’électro sera d’ailleurs totalement assumé dans l’album suivant « Machina – The Machines Of God ». Quant à Billy Corgan, il utilise sa voix si particulière avec retenue et ne se met plus en avant.

En fait tout au long d’ « Adore », la mélancolie sous-jacente des trois précédents albums est plus assumée que ce soit au niveau des paroles et de la musique. Est-ce qu’elle fait écho à la propre mélancolie de Billy Corgan sentant que le gros du succès est déjà derrière lui ? Quoi qu’il en soit « Adore » est un album extrêmement homogène. Aucune trace d’hymne générationnel, aucun morceau ne se détache à part peut-être Perfect et Ava Adore, utilisés comme single. Y demeure la volonté réelle de s’attacher à raconter une histoire au fil d’un morceau, d’un album.

Récemment, un nouveau morceau signé Smashing Pumpkins est sorti. Ça s’appelle Being Beige (en écoute en-dessous) et le seul mérite du morceau est de bien porter son nom. Car comme ce que pond Billy-la-tête-d’œuf depuis des années, c’est plat, sans saveur et défraîchi. Pour être honnête, cette réédition composée de l’album « Adore » en version mono, de démos, de faces B, de live, de morceaux revisités, n’a pas vraiment d’intérêt à part pour le fan pur et dur. Mais pour les autres, cela permet au moins de se (re)plonger dans un album de grande qualité très souvent sous-estimé.

Finalement, Billy Corgan, c’est un peu l’histoire de votre meilleur ami durant votre adolescence. Il était toujours avec vous : dans les bons moments comme dans les mauvais ; pour vous accompagner dans vos premières fois (premier amour, première cuite, première prise d’indépendance, première crise existentielle), les fesses dans l’herbe à regarder les filles ou les garçons ou bien dans votre chambre constellée de posters. A la fin du lycée, vous avez pris des chemins différents mais vous avez continué à vous voir, tout du moins occasionnellement. Mais ce n’avait plus la même saveur et naturellement vous avez fini par vous perdre de vue. Le seul lien persistant entre vous se faisait grâce à Facebook. Et ces derniers temps, à le voir faire la promotion du dernier livre d’Eric Zemmour ou affirmer avec conviction « qu’on n’est plus chez nous nulle part », le constat vous sauta aux yeux. Votre ancien meilleur ami est ce qu’on appelle un gros con. Bien sûr, avec le recul, certains signes le laissaient penser : son égo surdimensionné, son manque d’ouverture, ses caprices. Mais les bons moments passés compensaient cela. Et c’est sur ces bons moments que vous préférez vous arrêter.

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