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Review : Les Transmusicales, "Noël avant l’heure"

C'est un fait : nos partenaires FM-R.info ont vu plus de concerts que nous aux Transmusicales...

C’est un fait : nos partenaires FM-R.info ont vu plus de concerts que nous aux Transmusicales. On laisse donc la parole à Jogging Vert, qui nous raconte son périple rennais.

Passé le changement de dates exceptionnel, passé l’interview de JLB le Mourinho de la musique (l’arbre qui cache la forêt, le technicien qui concentre l’attention), passé les pénibles questions des potes néophytes « alors il y a quoi aux Trans cette année ? », voilà enfin les Transmusicales. Transmuciales, festival unique où l’on ne va pas pour voir des choses attendues et désirées, mais où l’on fonce tête baissée pour repartir plein d’idées. Ne pas calculer. S’abandonner. Grisant non ? C’est le but.

JEUDI 09 DECEMBRE 2010

Liberté / Etage
17h45, la (très) belle LENA DELUXE nous propose son folk-rock porcelaine .Un air de Joplin dans la dégaine. Le show est encore jeune (imperfection, timidité), mais il y a quelque chose (sa voix, son talent). Mignon.

Parc Expo
20h30, belle émotion rock d’entrée avec le duo féminin guitare-batterie THE PACK AD. Pas encore la classe des White, mais déjà mieux qu’un Ting Tings, malgré les approximations de la batteuse. L’envie est là. 21h00, grosse déception avec la pop sans aucun relief de LARS & THE HANDS OF LIGHT. Elle sert à quoi la nana à droite ? 21h30, OLD SKOOL NEMO balance une minimale-house propre et léchée (pas de black music comme annoncé). 22h00, le mur écran se baisse calmement (fantastique ce concept) pour laisser commencer THE PHENOMENAL HANDCLAP BAND. Ça groove. Peace, unity. Superbes solos de guitares. 22h35, THE EGYPTIAN HIPHOP m’envoient cinq morceaux dans la vue : cinq sons différents qui se tiennent (rock, électro, psyché, lunaire…). Insaisissable et c’est tant mieux. Dire qu’ils n’ont que 18 ans. A suivre. 23h00, première incursion à la Green Room vide pour voir BROS BEFORE HOES. Baile-funk ? Booty ? Du « Juke » me souffle-t-on. Ah. Bon. 23h30, réfractaire aux sons africains depuis le traumatisme Amadou & Mariam, je zappe consciemment Donso. 23h35, AUDREY KATZ remix tout ce qui bouge, dont un Jump Around dispensable. Les drôles images diffusées derrière elle nous empêchent de nous concentrer pleinement. C’est donc définitivement fini les dj set sans vidéo ?

00h10, FUNERAL PARTY lâche un (disco) rock cadencé, rythmé et efficace. Les morceaux s’enchaînent à merveille, sans fausse note. Beau boulot. 00h30, BEATAUCUE touche autant leurs machines (ou leurs ordis) que Justice à une époque, c’est-à-dire quasiment pas. Un son électro-hype-edbangerisé totalement dépassé et sans aucun intérêt. Même Kitsune peut faire des erreurs. 01h00, la drum’n’bass de LADY LATE n’apporte pas grand-chose de nouveau au genre. Son haut léopard annonçait la couleur. 01h30, le combo de stars MAGNETIC MAN s’est débarrassé de sa chanteuse tant décriée pour un mc rasta. Au final, leur dubstep reste plus digeste que les live de Benga (Dour, Nördik), sans pour autant provoquer en moi une once de plaisir. Pas mon truc. 02h00, je m’attendais à être déçu par le nouveau remixeur-remixé à la mode, THE TOXIC AVENGER. Pas si mal que ça, sans atteindre des sommets. Un batteur, un gratteux et un machiniste aux claviers. C’était leur premier live ensemble. A revoir peut-être (et ça risque d’arriver cette année…). Médocs, fatigue et alcool ne faisant pas bon ménage, je m’en vais passer une nuit exécrable.

VENDREDI 10 DECEMBRE 2010

Réveil douloureux. Je me fais rembourser un vieux plat d’huîtres par une tartiflette maison : honnête. Malade, je décide de faire l’impasse sur les concerts de l’après-midi : Djak, Manceau (avec un nom pareil, ça ne peut que marcher) et surtout Outasight que je voulais absolument voir. Cruauté.

Parc expo
20h45, encore un duo guitare batterie (masculin cette fois) pour commencer : MADENSUYU. Excellent concert post-punk. Gand, ville prolifique. 21h15, je découvre halluciné le n’importe quoi incantatoire de PARIS SUIT YOURSELF. Etrange. 21h20, le big band RAPH DUMAS & THE PRIMAVERAS fait péter les cuivres. Une vingtaine de musiciens allumés sur scène, dont Dumas faisant du dj Zebra (c’est-à-dire qu’il danse et qu’il envoie un beat simpliste). C’est funk, mais il manque le groove d’un Quantic, la folie d’un Coconut ou la classe d’un Buena Vista. 21h40, la minimale apaisante des russes EAT MY BEAT MR LENSKI me fait digérer mes Dafalgan. 22h05, CONNAN MOCKASIN électrise le hall 4 d’un concert pop-psychédélique d’un autre temps (les 60’s). Totalement original et envoûtant. Comme quoi on peut avoir la coupe de cheveux de Dave et être talentueux. 22h30, joli show solo d’OY, tout en bidouille, samples, boucles, hiphop, électro, jazz. Drôle, touchante et créative sans être révolutionnaire. 23h00, un ricain chauffe férocement la salle pour annoncer l’arrivée de JANELLE MONAE. Elle croit qu’elle joue dans un stade à New York ou bien ? Démesuré. Sinon, une diva soul-r’n’b comme les USA savent en pondre aux kilomètres : hiphop, vocalises, vidéos chiadées, déguisements, solo mielleux…

23h35, je rêve ou LABELLE passe des minis sons d’oiseaux sous ses platines ? Bon. 23h40, commence l’expérience de SALEM, entre psychédélisme sombre, rap possédé et trance lente. Je m’attendais à un show à la Micky Avalon en 2006 : saboté par la dope. Et bien non, ce fut flippant, déroutant, unique donc intéressant. 00h00, j’arrive pour la fin du spectacle de danse hiphop des WITTY CREW. Juste le temps d’entendre qu’ils breakaient sur du Prodigy. Après Groove Control l’an passé, cet exercice deviendrait-il régulier ? 00h10, MATMON JAZZ by DJ ORDOEUVRE fout une bonne claque au hall 9 avec ses mix et ses scratchs de morceaux de jazz. La grande classe… à la française ! 00h25, encore une baffe dans les dents avec la prestation du trio masqué IS TROPICAL. Pop rock ou electro-rock, tous les morceaux envoient, avec une rythmique entêtante, faîte pour le dancefloor. Tout ça en 30 minutes. Imparable. La révélation ? On risque de les revoir très vite.

01h00, il est temps d’aller voir la tête d’affiche MIA. Impossible de pénétrer dans le hall 9, les vigils bloquent les entrées. Une fois dedans, on se rend compte de la foule (jamais vu ça depuis les Fugees). Le son est beaucoup beaucoup trop fort. Les écrans crachent des vidéos saccadées. Sa musique mélange du kuduro et un baile-funk boosté à mort avec les trompettes remixées qui pouettent sans cesse… Tout ça devient vite insupportable au bout de 30 minutes. Je ne tiendrais même pas jusqu’à Paperplanes, histoire de crâner auprès des copines. Grosse déception.

1h30, SHOGUN KUNITOKI remet les choses à plat de la plus belle des façons : un son psychédélique cosmique entre 3 musiciens + 1 vj positionnés en carré. Des morceaux à rallonge, improvisés qui nous captivent, nous transportent. Jamais vu ça. Enorme sensation. 02h00, FAKE BLOOD n’éveille pas en moi une réelle attention : un bon dj boom-boom de plus. 2h30, les cinq CONCRETE KNIVES maîtrisent bien leur pop-rock mélodieuse. Agréable, propre. On sent leur jeunesse, leur joie d’être ici. Prometteur. 03h00, je zappe RAFALE, trop déçu qu’ils soient en dj set (aaaah le hall 3 en 2007, quel pied). 03h05, petit passage à MORPHEUS, pour la forme. 03h15, ALEX METRIC est accompagné d’un clavier et d’un gratteux. Electro à la fois disco, chanté et saturé. Je n’ai pas réussi à rentrer dedans. Ça arrive. 03h50 SYSTEMA SOLAR reste assez folklorique : musiques colombiennes avec dj et mc danseurs colorés. Très typé tout ça. Ça peine à décoller. Mais je crois que je n’y suis plus depuis une heure… Dodo.

SAMEDI 11 DECEMBRE 2010

Cité
19h50, après avoir galéré pour rentrer dans la Cité (comme tous les ans), je suis aux premières loges pour entendre les secrets WU LYF. Post-rock, voir indie-pop, toujours sur la brêche, porté par la voix du chanteur qui semble pousser à chaque parole son dernier souffle, le concert est hypnotique. Les quelques mots français qu’ils arrivent à lâcher entre les morceaux suffisent à faire rire le public ( !?) visiblement conquis.

Parc Expo
21h30, passage rapide au parait-il prometteur THEO GRAVIL et à sa techno douce. 21h30, le rock groovy des très recommandés CROCODILES (voir interview jlb) fait son effet. Ça envoie à merveille. 22h05, DOMINIQUE YOUNG UNIQUE enchaine les Thank youuuu à la vitesse de l’éclair. De superbes productions electro-hiphop mais une flow linéaire et une voix limite. Peu mieux faire. 22h45, la techno de MATTHEW DEAR ne m’arrache aucune émotion. 23h10, ROKY RODRIGUEZ. J’ai beau lire ci et là que c’est une légende, j’ai beau essayé de m’intéresser, ça me touche autant que Rodriguez ou The Residents. Quand on n’a pas les clefs de lecture, c’est dur. Ça ressemble un peu au début de Rockollection de Voulzy ? J’arrête. 23h25, le jeune hype MANARE envoie quelques bombes electro-world pour les kids énervés. 23h40, j’ai du mal à comprendre le gloubiboulga sonore de FILEWILE. Ça part dans tous les sens, dub, hiphop, electro. La chanteuse Oy apparait, puis repart, puis revient. Mouais… 23h55, THE GASLAMP KILLER insulte joyeusement le public et déglingue son set de break, de changements de rythmes electro hiphop. Insuivable, bordélique, énervé (le mec saute dans tous les sens). Du grand n’importe quoi appréciable. 00h35, THE INSPECTOR CLUZO et son orchestre, entre rock et blues. C’est foufou, agité. A noter qu’ils ont une street-team hyper efficace (de Dour jusqu’aux Trans). 00h50, JANSKI BEEEAT ou la branche hardcore du 8bit (musique et masque). A côté Dubmood est un enfin d’cœur. Que de violence ! Même France Gall est passée à la moulinette (Béatrice A., ce remix est pour toi). Les petits dessins animés entre chaque morceau créent une histoire dans le concert. Pas mal du tout. 01h10, PNAU, un truc taillé pour les stades. On dirait de la Houralectro ou de l’Ultradance : une sorte de grande messe avec des synthés des années 80 omniprésents. Un somptueux mélange entre Mgmt et Eurythmics sous extasy. D’ailleurs, où est le mec qui fait les synthés et les beats ? Bref, un peu naze mais divertissant, puis on les reverra sans doute jamais. 01h30, j’arrive pour les 20 dernières minutes de BLITZ THE AMBASSADOR. Waw. Une section rythmique bien callée, une section cuivre détonante et un mc classieux et chevronné. Une claque funk-hiphop. Un futur grand ? 01h55, A-TRAK, la star electro montante du moment. Depuis le temps qu’il tourne, on aurait pu le voir avant, mais bon, ne nous plaignions pas. Ça envoie le bois avec du turntablism en valeur ajoutée. Fichtrement efficace. Puis avouons-le, je préfère que les gosses écoutent Duke Sauce que David Guetta. Les fmrides vont annoncent donc une pluie d’A-Track pour l’année 2011.

02h30, l’heure de se faire enfumer le cerveau par GONJASUFI. Hiphop-electronica-psyché débridé, expérimental et enfumé. C’est inhabituel, difficile, âpre. Du Warp quoi. Tu m’étonnes que les djeuns veuillent être roadie quand on voit l’état du mec qui gesticulent sur scène pendant tout le concert et secoue ses dreads, comme un chien ses poils mouillés (c’était p’tet son dealer remarque, ou son manager). 03h15, après la déception reçue au Scopitone, je donne une deuxième chance aux TEENAGE BAD GIRL. Perdu. Le show light est toujours aussi peu efficace (ça marche pendant 5 minutes, encore moins dans une grande salle, donc je n’’imagine pas en plein air), comparé à du Exyzt. Leur son est toujours aussi poussif, voir acide, dépassé depuis 3-4 ans. Mais qu’est ce qu’ils foutaient ici ? 04h00, BOMBA ESTEREO ont digéré les apports occidentaux (à contrario du système solaire de la veille). Leur cumbia est actuelle, électrifiée et laisse place au funk, au hiphop, à l’electro. Les 3 musiciens enflamment la salle et la chanteuse place sa voix ravageuse. Le feu sacré. 4h40, WOODEN SHJIPS. Tiens, des hippies. Mais sacrément doués ceux-là. Entre rock, trance et psychédélisme qu’on croirait venu des années 60. Puissant et excellent. 05h20, BATIDA m’achève. A la manière d’un JustinTimberlake-JimmyFallon-TheRoots, Dj Mpula et ses 3-4 acolytes nous font un historique des musiques africaines (angolaises ?) : kuduro, baile-funk, dancehall, calypso… même Debruit y passe. Une folie furieuse qui fait danser tout le hall. La sono mondiale clôture le festival, comme d’habitude (Tremor, Mujava). Espérons qu’on les revoit tant le show était dingue et communicatif. A quoi bon aller voir Renaissance Man après un déluge de sons pareils. Ils m’avaient pourtant fait bonne impression à Dour. Mais il est temps d’aller se coucher…

CONCLUSION

Une très bonne année pour les Trans avec d’énormes concerts (Is Tropical, Connan Mockasin, Shogun Kunitoki, Matmon Jazz, Wooden Shjips, Blitz The Ambassador, Bomba Estéreo, Batida), de bonnes surprises (Egyptian Hiphop, Funeral Party, Oy, Concrete Knives, Wu Lyf, Madensuyu, Salem, Crocodiles, Janski Beeeat, A-Trak) et quelques plantades (Lars, Mia, Teenage Bad Girl). On pourrait grossièrement résumer le festival à ce schéma : hall 3 rock, hall 9 electro, hall 4 sono mondiale. Mais cela serait trop simple. Nous voilà informés de ce qui devrait tourner dans les prochains mois… ou prochaines années. Comme toujours, Noël avant l’heure. Merci.

BONUS : les conversations du week-end

Jeudi, au beau milieu du concert d’Old Skool Nemo, Hall 4, 21h35 :
Le jeune : Excusez-moi ?
Moi : oui
Le jeune : ça ne vous dérange pas si je fume (il me montre son joint) ?
Moi : non
Première fois de ma vie qu’on me demande si la fumée d’un pétard me dérange. Putain. Demain, c’est décidé, j’arrête les pulls à col et je remets des capuches.

Samedi, à 40m de Bomba Estéreo, Hall 4, 04h00 :
Le jeune reubeu de 20 piges : Hey, c’est bizarre non ?
Moi : Hein ? Comment ça ?
Lui : Là, c’est pas la nana… celle qui… avec le casque de pharaon là.
Moi : Janelle Monae ? Non, c’était hier ça.
Lui : Ah ouais. Mais j’ai été voir dans la foule tout à l’heure. C’est chelou, il y a des vieux de 40-45 piges, des handicapés, tout ça.
Moi : …
Lui : Bon bah, bonne soirée mec.

 

Par Jogging Vert. Fm-r.info

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1 commentaire

1 commentaire

Raymond Carver 19.12.2010

Article complet et détaillé. Superbe image de présentation !

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