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Quand le rap marche pour la dignité

Dix ans après les émeutes de 2005, trente ans après la marche des beurs, les populations des quartiers populaires s’apprêtent à reprendre le pavé ce samedi à Paris. Un mouvement qui a déjà sa bande-son. Et celle-ci s’annonce forte en punchlines.

Ce mardi 27 octobre marque les dix ans de la mort de Zyed et Bouna, étincelle de ce qui deviendra les émeutes de 2005. Pour l’occasion, des femmes issues de divers mouvements et associations ont créé le collectif  « La marche des femmes pour la dignité » avec le soutien de la militante américaine Angela Davis. Ces femmes sont à l’origine de la « Marche de la Dignité et contre le racisme » prévue samedi 31 octobre à Paris (Barbès).

La liste des signataires (tout comme celle des membres du collectif) témoigne d’une diversité d’approche et de point de vue dans la lutte anti-raciste. Une diversité qui se retrouve également parmi les personnalités ayant affirmé leur soutien au mouvement : Virginie Despentes,  Eunice Barber, Tariq Ramadan, Matthieu Kassovitz… Mais c’est dans la sphère culturelle, et plus particulièrement musicale, que les soutiens sont les plus nombreux et visibles. Et c’est tout particulièrement (quasi-exclusivement) dans la galaxie du rap et du hip-hop que les soutiens ont émergé autour de cette marche. Pour n’en citer que quelques-uns : Casey, Médine, Disiz, IAM, Z.E.P, Youssoupha, Scred Connexion, Skalpel, Kery James, Rocé, La Rumeur

Plus globalement, on sent que les références musicales des protagonistes de cette marche sont clairement à chercher du côté des musiques urbaines, comme l’illustre Sihame Assbague, l’une des organisatrices, qui n’hésite pas à citer Booba lors du meeting préparatif de la marche début octobre : « On veut poser nos culs où on veut, comme Rosa Parks ! » Rien d’étonnant de se dire que cette culture urbaine constitue le terreau culturel commun de ces forces contestatrices vivant dans les quartiers populaires. Ce qui est plus récent, c’est peut-être le fait que cela soit si visible et assumé, aussi bien du côté des mouvements contestataires que du côté des artistes.

L’émission Urban Shoot n’a ainsi pas hésité à réaliser un épisode spécial en soutien à cette marche :

Le tournage a été initiée par Bams, chanteuse atypique alliant chanson et hip-hop avec l’aide d’Emir Cherdouh (journaliste). L’ancienne fondatrice de Respect Mag (magazine des minorités disparu l’an dernier) fait partie du MAFED (collectif de la Marche des Femmes pour la Dignité). Elle a rencontré une partie des femmes de ce collectif lors du combat contre l’exposition / performance sur l’esclavage « Exhibit B« . C’est elle qui a sollicité la plupart des artistes pour signer l’appel et/ou faire partie de ce cypher d’Urban Shoot. Pour elle, un artiste n’a pas à être politisé dans son art juste parce qu’il est arabe ou noir. En revanche, sa vie est forcément politique et signer l’appel suffit à affirmer son engagement auprès de son public. En faisant le parallèle avec la Marche de 1983, elle estime que les artistes issus des cultures urbaines ont aujourd’hui une exposition bien plus importante. Le rap représente bien plus qu’il y a trente ans, aussi bien en quantité qu’en variété et qu’en exposition. Cette diversité se retrouve d’aileurs dans les signataires de l’appel.

Difficile en effet d’imaginer Casey et Skalpel défiler aux côtés d’Akhenaton ou Disiz ! Mais la liste des soutiens issus du rap témoigne d’un grand écart espéré par cette marche : avoir une démarche radicale et hors des circuits anti-racistes habituels (loin de SOS Racisme et du PS notamment) mais bénéficier d’un soutien populaire large, notamment dans les populations des quartiers, afin de ne pas rester cantonné aux cercles des militants et sympathisants habituels.

Dans un cadre plus formel, Kery James était ainsi présent hier à Pantin pour une soirée hommage organisée par le département de Seine-Saint-Denis. De son côté, Medine a carrément annoncé venir samedi à Paris avec son fameux camion/concert (le public est invité à rentrer dans le container du camion pour assister à la performance de l’artiste). Il montera également sur la scène installée à Bastille, en fin de marche, aux côtés notamment de Bams, Disiz ou encore Kery James.

A noter également la contribution de Mediapart sur cette articulation entre le rap et les mouvements contestataires : outre les nombreuses tribunes et les débats organisés ces derniers jours, le journal propose une série documentaire consacrée au groupe Gen Zu, quatre rappeurs de Clichy-Montfermeil ayant affronté les autorités lors des émeutes de 2005.

 

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