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Musique : pourquoi réagit-on ainsi ?

Aucun doute, notre environnement influe sur notre rapport aux sonorités. Et beaucoup plus tôt que prévu...

La musique est comme le théâtre : tout n’est qu’une histoire de ressenti, de subjectivité, un plaisir égoïste qui peut devenir altruiste. Oui, mais… Car après avoir fouiné sur des sites de sciences sociales et de maternité, nos propres idées se confirment. Aucun doute, notre environnement influe sur notre rapport aux sonorités. Et beaucoup plus tôt que prévu…

Prénatalité.- Les spécialistes sont formels : seules les fréquences graves sont accessibles à un nourrisson sur le point de naître. Ce qu’il entend correspond à ce que un humain peut percevoir la tête sous l’eau. Le bébé ne distinguera donc pas des suites de mots mais reconnaîtra déjà la mélodie de la langue, les intonations et les rythmes. Lui passer de la techno minimaliste à fond peut saouler votre gosse dans le bidou de madame ! Lui faire écouter Joey Starr semble, cependant, plus efficace que Coeur de Pirate. Une fois né, passez-lui une musique que vous écoutiez régulièrement les mois précédents, elle provoquera forcément une réaction. Et qui sait, le rejeton cessera peut-être de pleurer…

Le bas-âge.- Quoi de plus insupportable qu’arriver dans un salon où un petit bout de 80 cm a imposé sa playlist ? Attitude écoeurante. « Maintenant que ton fils est né, tu as oublié que t’écoutais du hip-hop ? », a-t-on envie de lâcher à son meilleur ami. Les comptines ont pris le pas sur le beat. Comptines qui narrent sur un ton mielleux des histoires d’animaux gnan-gnan. Hypocrisie quand tu nous tiens ! Pour ceux qui aiment les contrepèteries, déchiffrez « Il court, il court, le furet » et vous verrez que des compositeurs vicieux jouent sur l’inconscient de vos enfants.

Enfance et adolescence.- Sourdoreille a déjà évoqué cette étude américaine expliquant que la musique influence les moeurs. Comme si les parents n’en étaient pas conscients… A la question « Pourquoi j’aimais toutes les mélodies copier-coller de la bande FM quand j’avais 12 ans ? », une réponse consiste à savoir pourquoi le fast-food de Ronald offre en cadeau des mini-radios avec Beyonce et ses copines R&B plutôt que Bon Iver ou Portugal The Man. Itou à l’hypermarché, entre les deux offres promotionnelles, à quand une playlist indie rock ? Le conditionnement ne se cantonne pas qu’au riz, mais également à l’ouïe.

Adulte.- Pourquoi X préfère cette musique à Y ? Le sociologue américain Richard A. Peterson estime que « les classes supérieures diplômées ne se distinguent pas seulement […] par un penchant particulier pour la musique savante – le classique, puis au fil du temps le jazz – mais aussi par l’éclectisme de leurs goûts », alors que les classes populaires se définiraient plutôt par des goûts exclusifs. Ce que le lambda qualifierait de « fan ».

Ce modèle ne contredit pas celui de la légitimité culturelle : l’éclectisme des classes supérieures demeure un signe de domination symbolique. Attitude qui manifeste « un pouvoir d’habilitation ou de réhabilitation culturelle qui les distingue radicalement des membres des classes populaires ». L’article « Quel regard sur les pratiques culturelles ? » se lit par ici. Pour faire un méchant raccourci : si vous aimez exclusivement un artiste, vous êtes un prolo. Sinon, bienvenue à Boboland.

Alzheimer.- Si la médecine n’arrive toujours pas à soigner cette maladie cognitive, l’écoute de la musique stimule les régions cérébrales reliées à l’attention, à la mémoire, aux fonctions motrices et au traitement des émotions. Donc, si vous voyez votre grand-père malade reprendre en coeur Maréchal, nous voilà ! dès l’écoute des premières notes, vous tomberez probablement de haut. Perso, on vous souhaite de réagir à l’écoute de Tostaky en 2046 si Alzheimer a gangréné votre cerveau. Un texte approprié sachant que vous n’aurez déjà « l’air de rien » mais que vous resterez « désinvolte ».

Nos amis les bêtes.- The New Scientist a relayé plusieurs études sur les animaux, allant des bestioles de compagnies aux gros spécimens. Les scientifiques ont prouvé que les vaches produisent davantage de lait à l’écoute de musiques douces. Toujours dans une logique productiviste : la production d’œufs est accrue dans les poulaillers diffusant la radio.

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1 commentaire

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michelle m. 29.02.2012

Très instructif.

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