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Marilyn Manson devient-il un bluesman ?

Les clichés ont la vue dure. C’est même leur fonction. Puis, un jour, on décide d’écouter « The Pale Emperor », le dixième album de Marilyn Manson. Typiquement le genre de disque qu’on adorerait détester. Seul problème : on l’a aimé.

Il ne serait donc plus l’Antéchrist superstar ? Un mythe s’effondre. Et qui va buter des moutons et des poussins sur scène, maintenant ? Il faut reconnaître que, longtemps, Marilyn Manson a eu un petit souci : il s’est uniquement défini par rapport à l’image que les autres avaient de lui. Le piège classique. De son propre aveu, il a donc passé deux disques à tourner en dérision ceux qui moquaient le personnage qu’il s’était créé. L’obsession du miroir et de ses reflets. Certains n’en sortent jamais. Regardez Alice Cooper.

The Pale Emperor, son dixième album, est sorti ce mardi 20 janvier et décolle l’étiquette. Tiens, Marilyn Manson passerait-il définitivement à l’âge adulte ? La controverse pour la controverse, à quoi bon ? Comme un magicien dont on connaîtrait désormais tous les tours, Marilyn Manson allait finir par redevenir ce Brian Warner né près de cinquante ans plus tôt. Il devait changer. Il a changé. Peut-être parce qu’il s’est, en cours de route, rendu compte qu’il était infiniment plus intelligent que sa caricature. Cette seule interview accordée au Guardian prouve qu’il a effectivement oublié d’être con. Dans ces inévitables discours et introspections qui accompagnent toute sortie de disque, il déclare enfin apprécier enfin sa voix. Oui, il se kiffe. Marilyn Manson qui commence à s’aimer, c’est un peu comme si Alex Turner perdait subitement confiance en lui : une révolution de palais. Le pire, c’est qu’il a raison d’être fier de lui. A titre d’exemple, on ne pensait plus entendre de sa part une chanson comme « Warship my wreck »


Marilyn Manson – Third Day Of A Seven Day Binge

Mais alors d’où vient ce revirement ? A ce sujet, une théorie émerge. Le bonhomme aurait décidé d’assumer pleinement ses retrouvailles avec un amour de toujours, le blues. L’essence même de cette musique, le retour aux sources qu’elle impose, te débarrassent presque mécaniquement de tes artifices. Bien sûr, les basses métalliques sont toujours là, l’ambiance est parfois anxiogène et les refrains restent scandés tels des hymnes qu’il ne faudrait pas non plus trop taire.

Mais s’il ne s’est pas réinventé et qu’il ne nous épargne pas plusieurs lourdeurs et redondances, Marilyn Manson ne crache plus seulement son venin d’ado. Il prend ici davantage le temps d’installer ses morceaux et de les mener vers des contrées insoupçonnées et qu’il aurait lui-même jugé suspectes il y a encore cinq ans. Il a aussi bossé ses textes comme jamais, lui, le traumatisé de cette Amérique post-11 septembre et les travers qui la hantent. Et même si on la sait éternellemet en prise avec ses démons, on écoute toujours mieux une personne qui nous surprend et cesse, un jour, de jouer simplement le rôle qu’on attendait d’elle.

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