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Jusqu’au bout du Bout du monde

De la musique en provenance de 23 pays du monde, 60.000 festivaliers et un site chaleureux qui vaut le détour. La 14ème édition du festival du Bout du Monde, sur la presque-ile de Crozon, nous a mis à bout de souffle. Ambiance éclectique.

VENDREDI

Le soleil donne bien en fin d’après-midi. On pourrait même dire que « ça cogne pas mal ». Une fois la tente plantée et une petite bière pour se désaltérer, le public fait son entrée en scène et se met en jambe sur la cumbia endiablée du groupe colombien Ondatròpica.

Passé l’échauffement, les festivaliers se laissent tranquillement emporter par la voix captivante de Rokia Traoré. Son 5e album, réalisé par John Parish (collaborateur de PJ Harvey), aux penchants rock et blues est une excellente mise en bouche avant l’arrivée du crooner et vétéran de la soirée : Joe Cocker.

Pour sa dernière tournée et son deuxième passage au Bout du monde, à quasi soixante-dix balais, il est parvenu à faire chalouper la foule. Du blues, de la soul, des cordes vocales qui vous font frissonner. Toutes les générations semblaient conquises. Sans oublier ce fameux titre «You can leave your hat on » qui a donné au « Boudu » des allures de strip-tease en plein air.

Autre ambiance, toute aussi bouillante pour la première soirée du festival : Shantel and Bucovina Club Orkestar. La fusion d’un Allemand de Francfort allié à un groupe de Roumanie, ça donne un mélange détonnant d’électro-rock aux accents tantôt nord africains, tantôt brésiliens. Le tout mixé avec du son des Balkans. Sur le fameux « Disko Partizani » Crozon était au top de sa forme. Ils sont plus d’un à avoir perdu leurs claquettes sur ce rythme explosif et déjanté.

Pour clore ce premier round du festival, Ska-P. Bon, il est vrai qu’avec les titres phares qui les ont fait connaître, on avait l’impression d’un retour dans le passé. Sac à dos, rythme ska, on se serait cru au collège. Terminer la soirée avec six punks pour fêter leur retour après plus de cinq ans d’absence aurait pu être sympa. Sauf que le nouvel album qui soutient le mouvement espagnol des Indignés n’a pas fait plus écho que ça auprès de public. Mis à part les premiers rangs toujours prêts pour le « pogo », la mayonnaise n’a pas vraiment prise.

SAMEDI

Quoi de mieux qu’un petit plouf à la pointe Finistère pour se réveiller. Petit itinéraire sympa : promenade sur le « cap de la Chèvre », puis bifurcation vers la longue plage de la Palue face aux surfeurs qui se démènent avec les vagues pendant que tu savoures ton sandwich au pâté (Hénaff bien sûr). Enfin, petit détour sur le port de Morgat pour un petit apéro entre festivaliers avant de remonter (remis d’aplomb et frais comme des gardons) sur le site.

La journée passe vite et on arrive déjà au concert de Cali. Toujours en forme le garçon. A fond les ballons, l’énergie est là. Déambulation caliesque, on a du mal à le suivre sur scène. Mais par contre, quand il crie « tous à poil », certains ne se font pas prier.

A la fin du concert, une dizaine de filles finiront en soutif à danser sur scène. La journée du samedi commence dans une bonne ambiance.

Passons aux choses sérieuses : Seun Kuti et Egypt 80. Le dernier fils de Fela nous en a mis plein la vue. Une présence scénique de feu ! Même si l’on sait de qui il tient, le rejeton en impose vraiment sur scène et au saxo. D’excellents musiciens, une cohérence et une symbiose parfaite entre le descendant du roi de l’afrobeat et ses musiciens ( les deux-tiers d’entre-eux ont joué avec Fela).

Si dans la façon de bouger, on croirait voir une réincarnation du père, Seun, qui a fait ses débuts sur scène à l’âge de neuf ans, s’est forgé sa propre expérience. Il ne s’est pas pour autant écarter de la lignée familiale et met un point d’honneur à dénoncer la corruption de la junte militaire.

DIMANCHE

On commence en douceur avec La Rue Kétanou. En pleine préparation de leur nouvel album, le trio a eu du mal à chauffer le public avec leur nouveaux titres. Les années 2000 et leur début remontent à loin maintenant mais, pour autant, les connaisseurs attendaient que le groupe déballe les classiques pour pousser la chansonnette et réciter les paroles sur le bout des doigts. Chose faite, ils ont eu le droit à une belle surprise : la montée sur scène du bagad de Plomodiern. Ni une ni deux et hop, v’la que tout le monde lève le petit doigt et le tend à son voisin. Nous voilà parti dans la ronde.

Changement de plateau. Entre on stage monsieur Higelin. Attendu comme le loup blanc, l’une des têtes d’affiche de ce festival apporte lui aussi de la fraîcheur et de nouveaux textes. Sorti au printemps, le nouvel opus du poète intitulé « Beau repaire » a saisi l’assistance. A l’instant où les plus jeunes en ont profité pour aller reposer leur gambettes, se rassasier et prendre des forces pour la soirée, Jacques se demande « Dans ce monde à la dérive où sont passés les commandants de bord …» . Pour le moment, le patron sur scène, c’est lui.

Dans un tout autre style : Kool & the Gang, groupe phare des années 70. Tube après tube, quelque soient les générations présentes à Crozon, chacun y a trouvé son bonheur. Certains avaient prévu le coup et ont sorti les déguisements. Coupe afro, paillettes et lunettes XXL. La prairie s’est transformée en disco-club géant.

Pour clore cette édition, des Autrichiens. Bauchklang et leur beat box. Formé en 1995, le groupe reste vraiment actuel et envoi aussi bien du dub, du hip-hop que de la techno. Leur nouvel album « Akusmatik », reste dans la même veine avec ce titre « Le Mans »

Au bout du compte, au bout du monde, on finit toujours au bout de la nuit et à bout de souffle.

Crédit photo : Samuel Jouon / Festival du Bout du Monde

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