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Isaac Delusion, la maîtrise du rêve

Certains morceaux sont parfaits. Rien ni personne ne devrait y toucher. C’est le cas de Midnight Sun, balade onirique composée par Jules Paco et Loïc Fleury au sein de leur projet Isaac Delusion. Deux ans plus tard, le duo s’entoure de nouveaux musiciens et s’enferme en Normandie pour composer son premier album. On a discuté avec ces deux représentants du royaume des rêves.

Malgré la jeunesse du projet, on sent une grosse attente autour de ce premier album. Difficile de composer sans penser aux attentes de votre public ?

Jules : Beaucoup de morceaux avaient été faits avant que l’on se pose la question de l’album, et donc sans penser à l’attente. Certains sont même assez vieux. Si on avait eu conscience de ça avant, on l’aurait surement fait différemment. On aurait moins osé.

On aura droit à un changement de registre par rapport aux EP ?

Jules : Deux morceaux restent : Early Morning et Midnight Sun. Ils sont juste mixés une nouvelle fois pour qu’ils soient plus cohérents avec l’album. Sinon, c’est dix nouveaux titres.

Loïc : La grosse différence, c’est qu’on est plus uniquement deux mecs qui composent : on est quatre. Il y a beaucoup plus d’influences extérieures, notre son s’est ouvert et on s’est détachés de notre son très minimaliste avec sample, voix, basse, même si les gens aimaient bien ça.

Jules : En fait, on a enrichi ce son depuis qu’on a commencé à faire des concerts. C’est une nouvelle dimension. Un titre comme Midnight Sun ne marchait pas en live au début. Alors, il a fallu l’adapter. Cet album est définitivement plus adapté au live.

Tout ça s’est fait dans la douleur ?

Loïc : Non, dans la joie et la bonne humeur. On est allés s’enfermer au Studio 33 en Normandie chez Alain, notre ingé-son. C’est une maison avec plein de place où on a vécu pendant deux mois et demi.

Jules : C’est un petit corps de ferme super beau avec un petit ruisseau qui passe…

Loïc : C’était du travail, mais t’es avec tes potes, tu fais ce que t’aimes. C’est plus sympa qu’enregistrer dans un studio parisien où tous les soirs tu dois te couper, prendre le métro et revenir dans le monde réel.

Jules : Faut se mettre en immersion. Tout était fait pour que ça se passe bien. Et puis, on l’a mixé avec une pointure, Julien Delfaud, qui sortait du mixage de Woodkid ou de Revolver, je crois. Il a rajouté cette énergie.

Vous me chroniquez votre album ?

Loïc : C’est un album jeune. Il n’est ni pensé ni calculé pour se vendre. Instinctif, varié et intéressant du point de vue de la recherche sonore. C’est un premier album donc il est loin de l’oeuvre finale mais il mérite de se pencher dessus.

Jules : Belle chronique (Rires).

Votre famille aime bien votre musique ?

Jules : T’as forcément un héritage de tes parents donc ça se transmet dans ta musique et il arrive qu’ils retrouvent des choses, des sonorités auxquelles ils sont habitués. Il y a un peu de déterminisme.

Loïc : Notre musique est basée sur les mélodies donc on touche un panel de gens assez varié. C’est pas basé sur le rythme ou l’agressivité. Il y a des musiques beaucoup plus difficiles à rendre accessibles aux non-connaisseurs ou aux générations de nos parents.

Jules : Si tu fais de la trance, ça marche moins bien.

J’ai lu que, pour vous, le label Cracki Records fonctionnait comme une major. Vous pouvez m’expliquer ?

Jules : Ça devait être moi. Je disais qu’ils étaient une bande de potes qui avaient monté un collectif, qu’ils partaient de rien et qu’ils y sont allés au culot. Ils n’ont pas fait les choses dans l’ordre et n’ont pas respecté leur statut de « petit collectif ». Ils ont tout de suite vu les choses en grand et c’est pour ça que j’ai dit qu’ils fonctionnaient un peu comme une major. Mais, c’est pas du tout une major (Rires).

Si, ça avait pas été Cracki. Il y aurait eu qui ?

Loïc : Ça aurait peut être été rien. J’étais le premier à prendre contact avec eux, il y a cinq ans. C’était juste des connaissances.

Jules : Quand on faisait de la musique, on a jamais cherché à la diffuser, à chercher un label, à faire des concerts. On mettait juste des sons sur MySpace pour faire écouter à nos potes. Donc, il n’y aurait surement rien eu sans Cracki.

Loïc : Pour la petite histoire de Midnight Sun, en gros, c’est Jules qui a composé l’instru. Un jour il me passait ses prods pour que j’écoute, mais il avait pas l’air convaincu. Quand je suis tombé sur celle-là, je lui ai dit que c’était pas mal et lui ai demandé qu’il me l’envoie. Ensuite, j’ai travaillé dessus et puis je l’ai laissé de côté, de la même façon que lui. Et un jour, un mec de Cracki Records est passé et, après trois, quatre secondes de Midnight Sun, il a dit « Attends, attends, remets ça » et « encore », « une autre fois ». Bref, on s’est dits que ça faisait beaucoup.

Qu’est ce que ça donne Isaac Delusion en live aujourd’hui ?

Jules : Il y a le bassiste Nico, qui s’est intégré super rapidement et Bastien, qui lui, fait un million de choses : guitare, percus, drum, claviers. Comme il pouvait tout faire, ça a été moins évident. Mais aujourd’hui, il compose les morceaux avec nous, donc ça roule tout seul.

Loïc : Ce qui est intéressant, c’est que ça a beau être de la musique électronique, quand tu vas à nos concerts, tu es devant un groupe qui joue. Y’a de la vie, des instruments, c’est jouissif ! Tu vois, on est allés au Pitchfork et on a vu le groupe de Nicolas Jaar et ça fait vraiment son effet. J’aime beaucoup les groupes à la Animal Collective ou Darkside qui ne se reposent pas sur leur ordinateur.

Jules : Ce qui est marrant, c’est qu’on a retrouvé au Pitchfork cette année plein de groupes en formations à deux. Un chanteur et un mec aux machines. C’est la formation qu’on avait au tout début. On se disait « Ah, ce serait mille fois mieux si on avait des musiciens » et j’ai l’impression que les artistes reviennent beaucoup à ces petites formations à deux, très électro, très minimalistes. Nous, on a fait complètement l’inverse.

Loïc : Ouais, la démarche inverse. On s’est éloignés de la musique à la James Blake.

Vous êtes fans de ciné. Si Isaac Delusion était un film ce serait lequel ?

Jules : Sacré Graal (Rires)

Loïc : Ouais, Sacré Graal. Mais, on a trop de films préférés.

Jules : Dans le clip Children of the Night, il y a pas mal de références (Stanley Kubrick, Ken Russel – ndlr) mais ce sont les influences de Mateusz Bialecki, qui faisait partie de Cracki Records et qui a rencontré Loïc aux débuts d’Isaac Delusion. Mateusz a réalisé ce clip, celui de Midnight Sun et il fait aussi des projections de visuels sur un écran en live.

Loïc : C’est la partie visuelle de notre musique donc on peut dire qu’il fait vraiment partie du groupe.

Quel sera le profil de festival à tenter en 2014 ?

Loïc : On a envie de se confronter à des festivals plus gros.

Jules : Primavera…

Loïc : Voilà, on serait écrits en tout petit sur l’affiche (Rires)

Jules : Lequel on aimerait faire ? Coachella, ce serait fun (Rires)

Loïc : Niveau festivals indés, le Great Escape en Angleterre, on aimerait bien. Et le Island Airways en Islande, j’adorerais y jouer même si c’est difficile d’accès quand tu es Français.

Musicalement ça collerait bien, en plus !

Loïc : Mais carrément

Jules : Ou rejouer au Pitchfork !

Loïc : On y a joué, il y a deux ans, mais je me dis avec du recul que si on y rejouait cette année, ce serait encore mieux. Il y a aussi des festivals US comme le Bonnaroo (Tennessee) où on aurait pu aller. Ils nous avaient contactés mais ils payaient pas le prix du billet d’avion, donc c’était compliqué.

Des pronostics pour des surprises en 2014 ?

Loïc : L’année dernière, on a vu Benjamin Clementine à Calvi on the Rocks, et c’est énorme. Il a quelques côtés un peu pop qui me dérangent des fois mais il a un potentiel de fou.

Jules : Ah ouais, grosse claque.

Loïc : Après, j’ai pas vraiment de petits chouchous en France. Tout le phénomène Fauve, j’accroche pas vraiment, même si je reconnais qu’ils ont du talent.

Jules : Il y a aussi Apes & Horses de chez Cracki !

Loïc : Moodoïd, ils vont surement cartonner aussi.

Un groupe sur le retour que vous espérez ?

Loïc : C’est plus une continuité qu’un retour, mais on attend de pied ferme le deuxième album d’Alt-J.

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