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Fauve et Mendelson, les grands frissons

Le symbole ≠. C’est ce qu’ont choisi Fauve pour signifier leur différence. Pourtant, on peut leur trouver des ressemblances avec quelques autres groupes, notamment Mendelson. Deux formations qui pèsent leurs mots, en français dans le texte, et qui provoquent la même forme de fascination. On tord la noirceur qui nous entoure comme on tordrait un vieux chiffon plein de suie, pour en faire dégoutter l’espoir. Ils sortiront en mai un EP pour les premiers et un triple-album pour les seconds. Portraits croisés à l’occasion de leur concert commun au Grand Mix de Tourcoing le 11 mai, en contre-jour.

Fauve et Mendelson (photo) ont choisi de parler, parce qu’il faut « Parler pour affronter la nuit, parler comme vaccin contre la mort, parler comme rempart contre l’ennui, parler encore » (extrait de Cock Music/Smart Music de Fauve. Et puisque c’est de nous tous qu’ils parlent dans leurs morceaux, on a décidé de parler d’eux.

Beaucoup l’ont dit avant nous, Fauve est un projet collaboratif avançant plus ou moins caché, articulé autour de quatre musiciens et un vidéaste, et qui intègre parfois des participations extérieures (sur leur blog par exemple). « Fauve est une quête, et la narration de cette quête », déclame le chanteur dans une mini-présentation audio pour les Inrocks. Fauve, bêtes sauvages en cavale, qu’on suit sans réfléchir dans leur fuite en avant.

Leur patte ? Des chœurs et des guitares d’une belle douceur, qui laissent briller un phrasé incisif et délicieusement irrégulier. Des morceaux pensés comme des exutoires, qui recomposent des passages obligés pour nous permettre d’avancer.  Métro, boulot, soirée, dodo, ces images et ces histoires, ce sont aussi les nôtres. Et puis Paris, si belle et si froide, « Paris qui, petit-à-petit, entraîne dans sa chute des fragments de nos vies » (extrait de Saint Anne).

Fauve dessine le mal-être d’une génération en quête de sens, prennant à partie le blizzard, la honte, la mort. En live, ils disent vouloir « faire sauter le clivage bizarre qui sépare groupe et public », et ce ne sont pas que des mots. On avait déjà pu s’en rendre compte lors de leur concert bondé à l’International en janvier, qui leur avait d’ailleurs valu un joli papier dans Le Monde, entre autres. C’était aussi bondé au Duplex à Niort pour le Festival Nouvelles Scènes, mais finalement, c’est peut-être ça, un concert de Fauve. Une foule qui se serre les coudes, et qui vibre à l’unisson. On en ressort un sourire aux lèvres, avec ce mélange étrange de mélancolie et de courage extraordinaire au creux du ventre. Le goût de la liberté ?

On vous conseillerait bien d’aller à leur concert au Bataclan du 7 juin, mais il est déjà complet, tout comme chacune de leur Nuits Fauves à la Flèche d’Or – où, cerise sur le gâteau, ils s’entourent d’autres groupes talentueux comme Apes & Horses. Mais lisez donc cet article jusqu’au bout, jeunes gens.



Les Mendelson sont eux dans le circuit depuis plus de dix ans, et c’est leur cinquième album qu’ils sortiront en mai chez Ici d’Ailleurs. Aucun risque de grand succès commercial de leur côté avec ce nouvel effort puisqu’il s’agit d’un triple-album avec des morceaux qui durent dix minutes en moyenne (avec un record remarquable de 54 minutes et 26 secondes pour Les Heures, piste unique du deuxième disque). Mais justement, ce choix courageux de continuer à fournir au public des propositions artistiques audacieuses, à contre-courant, rend leur musique encore plus belle.

Pour l’instant, on a trois teasers qui présentent trois extraits des albums. Des morceaux moins immédiats que ceux de Fauve, mais tout aussi intéressants. Dire qu’on se sent frustrés qu’ils s’interrompent aussi brutalement est vraiment un euphémisme.

Comme Arthur H et Nicolas Repac sur leur « Or Noir », recueil de poèmes mis en musique autour du thème de la négritude (et captivants en live, au passage), Mendelson puise son inspiration aux quatre coins du monde, dans la musique africaine, des îles. On pense aussi un peu à Benjamin Biolay, en plus brut, plus rock, plus électronique. Conteur à la voix grave et hachée, Pascal Bouaziz nous aspire dans un monde sombre et tortueux, avec des mots crus sur l’amour, la mort, sur ce sentiment d’être « plein du manque de quelque chose, quelque chose qui aurait dû remplacer cette sensation écœurante, étouffante, d’avoir trop manqué, comme les autres s’étouffent d’avoir trop mangé » (extrait de Les Heures).

Le premier disque de l’album s’ouvre sur La force quotidienne du mal, qui annonce clairement la couleur, avec toujours cette orchestration clairsemée et habitée, ces guitares vibrantes, et ces sons qui évoquent des erreurs informatiques. Il suffit qu’un piano apparaisse soudain discrètement en arrière plan et ça y est, c’est le frisson. Mendelson, le bug nécessaire ?

Ils seront tous au Grand Mix de Tourcoing le 11 mai prochain, et on vous offre 2×2 places pour y assister. Un mail à concours@sourdoreille.net avant le 25 avril (objet : Fauve et Mendelson au Grand Mix) et vous serez dans la course. On attend vos déclarations d’amour.

Crédit photo : Emmanuel Bacquet

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