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DIIV nous a rassasiés

Quatre ans après la mixture dream-pop/krautrock de l’album Oshin puis de multiples controverses liées de près ou de loin à l’addiction du leader Zachary Cole Smith à l’héroïne, DIIV fait un retour aussi attendu que remarqué avec Is This Is Are. Pas de rêveries estivales cette fois pour un deuxième album qui s’espère comme une délivrance. Et oui, il crachine et les gars tirent un peu la gueule ; la beauté est là, il faut juste bien regarder.

DIIV se promène depuis quelques années avec l’étiquette galvaudée de « jeune groupe indie rock de Brooklyn » collée aux baskets tel un morceau de PQ. A part le doute, on note que la confusion et la désillusion incarnées par son leader vont bien au-delà de ce style de faux grunge opportuniste que certains lui portent. Bon, Zachary l’a un peu cherché lorsqu’en 2013, il se vante, un brin défoncé, à Pitchfork que DIIV atteindra le niveau de Nirvana en (seulement) trois albums. Une rehab plus tard, il s’est rétracté, mais ses déclarations révèlent toute l’ambition du jeune homme. Is This Is Are était annoncé depuis avril 2015 avec le single « Dopamine » et devait sortir à la fin de l’année. Smith explique le retard de sa sortie par l’envie de bricoler encore plus son album, en vrai perfectionniste insatisfait qu’il est. Les regards négatifs autour du groupe dus à ses frasques n’ont fait que rendre les attentes autour de ce nouveau disque plus pressantes.

Il a donc été long et dur d’écrire pour Zachary, sentant là l’occasion de sauver son cas. Mais contrairement au précédent disque Oshin, il n’a ni composé, ni joué tout seul sur Is This Is Are. Un vrai groupe fonctionnant démocratiquement en studio comme sur scène a travaillé sur cet opus. La voix de Smith est mise en avant tandis que les lignes mélodiques de la basse de Devin Perez permettent aux deux guitares virevoltantes (Andrew Bailey et Smith) de s’essayer à des textures plus intéressantes comme dans « Valentine ». Zachary chante plus fort des textes plus profonds évoquant sa dépendance, son combat contre la drogue et son agitation intérieure. Une agitation qui s’exprime à travers l’urgence et la tension permanente qu’instaure le groupe tout au long de l’album, dont les points chauds pourraient être « Incarnate Devil » et l’intense « Dust ». La musique de Is This Is Are est immersive, grise, humide, parfois oppressante. L’écoute des 17 tracks peut aussi être assez pénible. L’impression de ressasser les mêmes idées noires. Mais, soulagement, quelques morceaux semblables à des éclaircies peuvent raviver certaines oreilles anesthésiées. « Healthy Moon » par exemple, qui a cet élan naïf et déterminé propre à la jeunesse.

Is This Is Are n’est peut-être pas l’album de la rédemption pour DIIV, mais c’est loin d’être un échec. Porté par de multiples influences dont Sonic Youth reste la majeure, le groupe a su créer un son qui lui est propre, tout en continuant à explorer d’autres chemins. Et si son leader de 31 ans ferait le personnage idéal d’un film de Gregg Araki, Zachary incarne sans artifice l’immédiateté et la désillusion propres à une jeune génération paumée mais pleine de talent.

DIIV – Is the Is Are (Full Album)

Les gars de DIIV joueront à la Flèche d’Or le 6 avril ainsi qu’à Rock En Seine, en espérant qu’ils fassent faux bond à leur vilaine habitude d’annuler leurs concerts.

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