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Calvin Harris ou le besoin de reconnaissance de l’EDM

Régulièrement dans le top 3 des DJs les mieux payés au monde, adulé par des millions de jeunes gens aux quatre coins de la planète, Calvin Harris semble ressentir un mal propre à de nombreux DJs stars : le besoin de reconnaissance dans la sphère « underground ». Rien de nouveau. Mais son dernier morceau pourrait en surprendre quelques uns.

On l’a vu au début de l’année avec Richie Hawtin (capture d’écran ci-dessous) qui s’est rappelé qu’avoir été le plus grand froisseur de tôle de Détroit avait eu du sens, il fut un temps. Son retour à son alias acid-techno Plastikman – avec l’album « EX », une commande de Dior pour le Musée Guggenheim – a dû relancer pleinement cette crise de la quarantaine de DJ star.

richie

On ne change pas un homme. David Guetta aura beau se remettre de mèche avec Robert Owens pour composer un titre comme Up & Away (1994), ou se mettre à faire du grindcore en back to back avec Manu le Malin, personne ne sera dupe sur l’objectif principal : se rassurer, se convaincre que tout ça n’est finalement pas que du vent.

Toute cette folie autour de l’EDM (ou ElectronicDanceMusic qui caractérise la musique hyper efficace jouée dans les plus gros festivals électro du monde type Ultra Music), ses orgies sur tous les fronts et l’écho médiatique qui s’en suit, en rendraient fébrile plus d’un.

On a aussi vu toute la « dédiabolisation » organisée par l’entourage de Skrillex. A coups d’interviews aux médias indés ainsi qu’aux références répétées à Warp, Aphex Twin et Squarepusher, il se sort – partiellement – de cette image qu’on avait de lui. La haine du puriste ou la passion du spring breaker. Son premier album « Recess » (2014) s’inspire largement de l’histoire et des multiples courant de la musique électronique. Faute d’être bon.

Paris Hilton

Skrillex, Dubfire et Richie Hawtin, à une petite fête chez Paris [Hilton]

Le dernier fait d’armes en date vient de Calvin Harris, le producteur de We Found Love de Rihanna et de nombreux tubes à 100 millions de vues sur Youtube. Le DJ british s’apprête à sortir son nouvel album « Motion », une énième plaie dont il a déjà mis les morceaux Summer, Blame (ft. John Newman) et Under Control (ft. Alesso &Hurts) en écoute. Trois morceaux interchangeables indigestes auxquels on pouvait s’attendre. Mais là, bim, boum, sans crier gare, il partage un quatrième extrait, nommé Slow Acid, un morceau qui nous fait étrangement penser au Pursuit de Gesaffelstein. D’un seul coup, Calvin Harris propose au grand public l’acid techno, l’électro maximaliste et l’electro-clash. On retrouve certains côtés aguicheurs dans la construction du track, mais les influences sont là.

« Je retourne ma veste, toujours du bon côté »

On se rappellera aussi qu’en 2004, son premier maxi « Let me know » avait des airs de trip-hop et de dub, puis en 2007 « I Created Disco » surfait sur la vague électro maximaliste d’un Mr Oizo. Le producteur suit les courants et s’adapte aux lois du marketing et de la consommation de ces derniers années.

Conclusion : rien ne change, les styles musicaux retrouvent forcément un jour ou l’autre l’une de leurs branches dans des boîtes à champagne. Ce qui n’empêche pas qu’il y aura toujours de l’underground. Et qu’il faudra toujours éviter les « c’était mieux avant ». Il suffit de bien regarder.

L’idée n’est pas de taper sur l’EDM (trop facile). Si on entend beaucoup parler de l’EDM, le pionnier de la techno de Détroit, Jeff Mills rappelle intelligemment chez In the mix : « Je n’ai jamais pensé qu’il y avait une bonne manière ou une mauvaise manière de faire de la musique (…) L’EDM n’est pas le premier bouc émissaire de la musique électronique. Il y a des années, c’était la trance, et avant encore quelque chose d’autre ».

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