Le 93 regorge de vieilles bâtisses, d’usines désaffectées et réhabilitées. Le département au centre de la révolution industrielle porte aujourd’hui encore les stigmates du passé via son patrimoine richissime. Parmi les lieux qui ont compté dans le département, une ancienne manufacture d’allumettes, à Aubervilliers, est aujourd’hui un terrain de réflexion fertile au social et à la médiation culturelle.

L’ancienne Manufacture d’Allumettes

1850. C’est la date de construction de la manufacture d’allumettes d’Aubervilliers. Avec Pantin, la ville se place sur un marché florissant. En 1872, « cette fabrique d’allumettes emploie 80 personnes : 20 hommes, 20 femmes et … 40 enfants » (source : tourisme93) et est à l’origine des premières allumettes chimiques (celles qui s’allument en les frottant contre tout et n’importe quoi). En 1904, une gigantesque cheminée (photo) est construite. D’une hauteur de quarante-cinq mètres, elle a été pensée pour résister aux pressions du vent et est aujourd’hui considérée comme l’une des plus belles d’Europe. Mais au lendemain de la défaite contre l’Allemagne en 1870, la France est endettée et le gouvernement d’Adolphe Thiers invente l’impôt sur les allumettes. Des mesures contre l’intoxication des ouvriers et la concurrence montante avec les briquets et les allumages intégrées aux cuisines précipiteront le déclin puis la fermeture de l’Usine en 1962. Resteront les 5.000m² de surface et la cheminée.

Première étape de la réhabilitation : « en 1967, les locaux laissés vacants sont affectés par l’administration des Domaines à la Documentation française qui a pour mission de rassembler de la documentation sur la France, l’Europe et le monde (…) sur les questions d’actualité et de citoyenneté (…) Puis, La Poste installera un centre de formation dans l’un des bâtiments. »

Et la seconde : « Au milieu des années 1990, un programme de modernisation est engagé. »

Cette année, la ville d’Aubervilliers l’annonçait : « le départ de la Documentation Française, la Manufacture d’Allumettes d’Aubervilliers va connaître une nouvelle vocation. C’est en effet sur ce site que le cinéaste Michel Gondry décide d’installer l’Usine de Films Amateur. Ce nouveau lieu de création, d’exposition et de formation ouvrira en 2015. » Un rêve – gratuit et ouvert à tous – bien plus beau, et au rôle social plus fort que la controversée Ecole de la Cité de Luc Besson (source : Rue89). Or, en juin dernier, la mairie d’Aubervilliers abandonne le projet, faute de moyens. Partie remise, semble-t-il, mais une immense déception pour tous les acteurs du secteur publique (source : Next – Libération).

C’est face aux bureaux de la Documentation française et à quelques mètres de la cheminée de cette ancienne Manufacture d’Allumettes qu’on a convié le groupe Mrs Good à participer à notre projet.

Mrs Good

Mrs Good, c’est de la pop, c’est de la folk, c’est fun. Mais l’énergie est celle du rock pour cette bande de potes. On les a découverts il y a des années à Mains d’Oeuvres, où ils sont en résidence. Drôles, simples et talentueux, Arthur, Stéphane, Sacha et Edwards ont décidé de faire de 2014 un tournant avec « Still Alive », leur nouvel EP, sorti le 31 mars, (deux ans après « Visions », un maxi défendu à Rock en Seine en 2012) : « On a tenu à mettre en avant notre côté rock. C’est moins pop progressive qu’avant, dans le sens où chaque instrument trouve désormais sa place ». Analyse incontestable : Mrs Good a évolué vers un rock plus direct et le groupe s’est trouvé plus mature.

Il faisait beau, la cheminée dominait le ciel, on leur a donc proposé une petite acoustique. Ces fans d’Electric Light Orchestra – chantant en anglais et casques de travaux à l’appui – ont interprété leur titre Cry Baby. De quoi nous faire patienter avant la sortie de leur premier album en 2015.

Merci à Ana Larrègle (Plaine Commune), Mathilde Christnacht et Marie Morillion (Office du tourisme du 93).

Merci à Samia Khitmane pour son accueil chaleureux, le café, ses visites, sa bonne humeur et Frédéric Lefebvre (Sirius Immobilier) pour son soutien.

Merci à nos hôtes de Mains d’Oeuvres : Norbert Monod des studios Mains d’Oeuvres, Camille de Wit, Morgane Melou, Blandine Paploray, Valentin Toqué et Elsa Bendhif pour leur disponibilité et leurs conseils sur les groupes. Et aussi pour nous avoir soutenus dès le début pour ce projet. Plein d’amour.